Le CEDRE

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LE CEDRE, UN ARBRE MILLENAIRE


Chanté par Lamartine, Renan ou Khalil Gibran, le cèdre du Liban est une espèce en voie de disparition.  Si dès le XIe siècle av.  J. -C., des écrits témoignent de-la dégradation de la forêt, la situation n'a jamais été aussi alarmante qu'aujourd'hui.


Le secret de l'éternité

Le cèdre, tout comme le sapin, est un conifère de la famille des abiétinées.  De toutes les espèces de cèdres, c'est le plus anciennement cultivé.  C'est aussi l'un des plus grands avec parfois 40 ni de haut.  Son tronc peut atteindre 15 ni de circonférence et son feuillage couvrir 50 ni d'une extrémité à l'autre.  Le cèdre du Liban croît rapidement jusqu'à l'âge d'environ 45-50 ans, puis plus lentement jusqu'à 70 ans.  Il peut vivre jusqu'à 3 000 ans.  En forme d'aiguilles, ses feuilles persistantes restent sur l'arbre pendant plusieurs années.  Le cèdre fleurit au printemps et ne commence à donner des fruits (cônes) qu'à partir de 40 ans environ (et même souvent plus tard).  Ceux-ci, parfaitement lisses et de couleur verte la première année, brunissent et se couvrent d'écailles comme une pomme de pin la deuxième année; enfin, ils s'effilochent et ne laissent que des rachis. À partir du bois et du fruit du cèdre, on tire une résine appelée cédrie, qui sert de vernis protecteur, et un liquide, le cédrum.« Arz el-Rab », cèdre de Dieu, est mentionné 103 fois dans la Bible.  C'est le seul arbre, selon les Écritures, que Dieu ait planté de ses mains.  Témoins des temps bibliques, les cèdres millénaires ont connu les règnes des rois Ahiram de Tyr et Salomon de Jérusalem.

Le cèdre est lié aux trois grandes religions du Moyen-Orient.  Pour les juifs, c'est l'arbre choisi pour construire la charpente du temple de Salomon à Jérusalem (1000 av.  J.-C.) ; pour les chrétiens, l'arbre saint; pour l'islam, le bois pur.  On le retrouve dans les temples, les églises et les mosquées.

La beauté du site des Cèdres en faisait au xixe siècle un pèlerinage.  Les maronites croient que c'est à Bcharré et non au mont Thabor qu'eut lieu la Transfiguration célébrée le 6 août.


Un atout économique

Depuis toujours, les qualités exceptionnelles du cèdre en ont fait un bois recherché.  Les Phéniciens y ont eu largement recours.  Leur flotte renommée exigeait des matériaux abondants et des navires solides.  Au moment de leur déclin, les puissances qui prennent le relais et notamment les Égyptiens utilisent le bois de cèdre pour les charpentes, les bateaux, les sarcophages ou les essences aromatiques.  Ces prélèvements ne sont compensés par aucun reboisement. Le bois de cèdre est facilement polissable et presque ignifuge, il ne pourrit pas. Les fouilles de Gizeh en Égypte ont exhumé des garnitures de cèdre du Liban presque intactes après plus de 4 400 ans.


Un symbole politique

« Monuments naturels les plus célèbres de l'univers » selon Lamartine, les cèdres sont l'emblème du drapeau libanais, le symbole d'un

pays martyr et de la nécessaire union. En 1920, l'un des textes de la proclamation du Grand Liban déclare: « Un cèdre toujours vert, c'est un peuple toujours jeune en dépit d'un passé cruel. Quoique opprimé, jamais conquis, le cèdre est son signe de ralliement. Par l'union, il brisera toutes les attaques. »


Les derniers vestiges de splendeur

La forêt de Bcharré compterait aujourd'hui 2 arbres trimillénaires, 10 millénaires et 363 plusieurs fois centenaires.  Les estimations du nombre d'arbres et l'évaluation de leur âge restent extrêmement controversées.  Ces cèdres qui « couronnent comme un diadème la montagne », selon Lamartine, se trouvent sur les hauts sommets du Liban nord, vers 1 925 ni d'altitude, et à Qornet el-Saouda (3 100 m), point culminant du mont Liban.  Pour protéger la forêt, le patriarche Youssef Hobeich y a édifié en 1843 une petite chapelle.  Mais ses véritables sauveteurs sont le patriarche Boulos Massaad et le Moutassarif Rustom Pacha qui l'entourèrent entre 1875 et 1880 d'une clôture, qui a aujourd'hui fortement besoin d'être rénovée.  Les autres forêts les plus belles sont celles d'Ehden, d'Hadeth el-joubbé (6 000 cèdres), de Tannourine et d'Ain Zhalta, le versant occidental de Jabal Barouk (500 ha).


Quel avenir ?

La forêt libanaise couvre environ 80 000 ha, soit 7 % de la totalité du territoire. La cédraie actuelle compte moins de 800 ha. Le reboisement rationnel soutenu notamment par le Comité International de Sauvegarde du Cèdre du Liban (CISCL) devrait atteindre 120 000 ha, plantés majoritairement entre

1400 et 1900 m. d'altitude, c'est-à-dire dans l'aire naturelle du cèdre. Cet effort permettra peut-être à la chaîne du Liban de conserver, selon le mot de Diodore de Sicile, sa renommée de, montagne des parfums .