Beyrouth

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Plaque tournante du Moyen-Orient, symbole de prospérité économique et du bien-vivre à la libanaise jusqu'en 1975, Beyrouth, après presque deux décennies de guerre, renaît de ses cendres.

Émouvante et passionnante, la capitale du Liban reste à découvrir.


Pendant presque deux décennies, Beyrouth a été synonyme de violence, de guerre et de destruction.  Le voyageur ne peut s'empêcher aujourd'hui de guetter les signes de ce douloureux passé.  Dès la sortie de l'aéroport, les stigmates sont là.  Les pancartes égrènent des noms de quartiers ou de rues mille fois entendus à la radio ou à la télévision, indéfectiblement liés aux bombardements, aux massacres, aux enlèvements.  Les entrailles des immeubles, hachés par la mitraille ou effondrés comme de lamentables châteaux de cartes, laissent apercevoir des tranches de vie.  Difficile de ne pas imaginer que derrière ces murs éventrés vivaient des hommes.  Difficile de ne pas se demander ce qu'ils sont devenus.  Les sacs de sable pourrissent peu à peu, la rouille finit de ronger des morceaux de ferraille tordus, l'enchevêtrement des fils électriques tisse son réseau incompréhensible, sauf pour les bricoleurs géniaux qui les ont mis en place.

Pourtant, progressivement, la vie recolonise le moindre recoin utilisable.  Ici une boutique a rouvert dans une carcasse de béton vide, là un appartement a été réhabilité au milieu des béances des logements voisins encore noircis de fumée.  Les rues, dont certaines sont encore défoncées, sont devenues trop étroites pour une circulation qui témoigne que la vie a bien recommencé.  Les petits commerces ont repris leur droit et, au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans la ville, les grues, les bétonneuses, les engins de terrassement effacent à grands coups les ruines d'un Beyrouth à jamais disparu.  Un immense travail de reconstruction a été engagé.  Certains disent qu'il s'agit du plus grand chantier du monde.

Beyrouth n'a jamais été une « belle ville ». Elle n'a jamais séduit le visiteur par une architecture hors du commun.  Ce n'est pas Alexandrie, Istanbul, Alger ou Naples.  Beyrouth n'a pas non plus le passé prestigieux d'autres villes de la côte libanaise.  Pourtant, elle a toujours exercé une sorte de fascination bien difficile à expliquer mais à laquelle on se soumet.  Son passé récent, fait de douleur et de larmes, lui confère aujourd'hui une dimension supplémentaire.  Beyrouth, aujourd'hui, c'est la revanche de la vie sur la mort.  Il faut sans doute un peuple bien singulier pour réussir un tel tour de force.

Nombreux sont ceux qui parcourent encore la ville avec la poignante nostalgie que seul l'irréversible suscite.  Des vieux souks, de la place des Canons, du quartier des grands hôtels, il ne reste rien ou presque, et plus jamais ne renaîtra la vie d'avant : foule affairée et industrieuse, portefaix, petits marchands, changeurs, concerts de klaxons, musique échappée des autoradios ou des cafés, exclamations, odeurs mêlées d'épices, de fruits, de légumes, néons criards des cinémas, des magasins et enseignes de banques.

Mais c'est la nouvelle Beyrouth qu'il faut découvrir aujourd'hui.  Sur le bord de mer, on vient à nouveau se promener en famille, émerveillé de tant de quiétude et encore un peu incertain de la magie de la paix.  Les pieds dans l'eau ou du haut des rochers, les pêcheurs ont retrouvé leurs gestes faits de patience et de vigilance, tandis que dans les restaurants et les cafés on vient manger un mezzé, fumer le narghilé ou boire un café à la cardamome.  Dans les quartiers aussi, chacun s'active.  Des cinémas, des théâtres, des galeries d'art, des commerçants construisent un quotidien plein d'espoir.  Dans les bureaux, on s'est retroussé les manches pour que le Liban reprenne au plus vite son rôle entre Orient et Occident.  Au balcon de la Méditerranée, il va falloir bientôt compter à nouveau avec ce petit pays dont Beyrouth est le phare.


Beyrouth dans l'histoire

Aussi loin que l'on remonte dans l'histoire de Beyrouth, les périodes de prospérité et de décadence, de liberté et de domination n'ont cessé de se succéder. Régulièrement, elle a connu la ruine et la destruction. À chaque fois, elle renaquit de ses cendres. Les archéologues qui fouillent en ce moment le sol du centre-ville apportent de nouveaux témoignages de ce passé tumultueux.

Beyrouth est, avec Byblos, la plus ancienne cité de la côte libanaise. Elle a entretenu des relations commerciales importantes dès le XIIIe siècle av. J.-C. avec l'Égypte. À l'époque, elle s'appelait Beruta, nom qui provient sans doute d'une racine sémitique voulant dire « puits » ou « source ». Son nom ne varie guère avec les âges: les Romains la nomment Colonia Julia Augusta Berytus, les Byzantins Beroe et les Arabes Beyrouth, jusqu'aux croisés qui l'appelleront Barut.  Au iiie siècle, son école de droit rayonne au-delà des mers.  Trois siècles plus tard, la ville est au centre du commerce de la soie.  Mais ce n'est qu'au xixe siècle qu'elle entame réellement une ascension et atteint son apogée à la veille de la guerre, en 1974.  Elle devient le débouché maritime de Damas avec laquelle elle est reliée par une route (1857), puis par une voie de chemin de fer (1895).  Elle supplante les autres villes côtières et se dote de toute l'infrastructure (écoles, universités, hôpitaux, administrations, banques ... ) qui la fera tout naturellement choisir comme capitale du Grand-Liban, lors de l'indépendance en 1920.

Tout au long du xxe siècle, Beyrouth renforce son rôle de plaque tournante commerciale et financière et sert de relais entre un arrière-pays, qui prend une importance accrue après l'accession à l'indépendance des pays arabes (en particulier lorsqu'ils recouvrent la libre disposition de leurs richesses, notamment pétrolières), et le reste du monde d'où elle importe de nombreux produits pour les redistribuer dans l'ensemble du Moyen-Orient.  Place bancaire de premier ordre, elle participe de manière active à la gestion des pétrodollars.  Malgré vingt ans d'absence, Beyrouth, aux atouts, en particulier humains, irremplaçables, n'a été supplantée par aucune des grandes villes de la région.

Beyrouth , Place des Martyrs ( avant la guerre dévastatrice.)

Le Rocher de Raouché.